BELLERIVE - Château

by Centre d'Iconographie de Collonge-Bellerive

En 1623, Genève décréta un nouvel impôt sur le transit du sel - à destination principalement de la Savoie - puis l'augmenta en 1655, au-delà de ce que le gouvernement savoyard était disposé à accepter. Faute de s'entendre, celui-ci acheta l'ancien port de Bellerive - alors en amont de l'actuel - avec assez de terrain pour y construire en 1668-1672 un entrepôt de sel et de diverses marchandises indépendant des Genevois.
Ceux-ci, furieux de cette concurrence, accusèrent Charles-Emmanuel de bâtir plutôt une forteresse dotée d'un port de guerre, tombant alors sous le coup de l'interdiction faite à la Savoie par le Traité de Saint-Julien de 1603, d'édifier toute construction militaire à proximité de Genève.
Le ton monta entre Genève et Turin, on frôla une nouvelle guerre, et il ne fallut pas moins que la mort du duc, en 1675, et toute la diplomatie de ses successeurs pour calmer les Genevois quant au prétendu danger d'une nouvelle Escalade.

En 1792, la République française ayant envahi la Savoie, elle s'appropria le château et le port pour les vendre à Maurice Fontaine, de Fribourg, et Joseph-Marie Dimier, de Chambéry, qui, devenu seul propriétaire, revendit le tout, en 1806, à Charles Duroveray, "marchand fustier" à Genève et batelier à La Belotte. Malgré le morcellement du domaine, dès 1851, le château de Bellerive resta dans cette famille plus d'un siècle, jusqu'à Pauline Duroveray qui réussit à le rendre non seulement habitable mais accueillant : elle y recevait des pensionnaires, tel l'écrivain américain Charles Hanford Henderson qui l'a évoquée dans son roman John Percyfield : the anatomy of cheerfulness.

Retirée à Grange-Canal, Pauline Duroveray a vendu Bellerive, en 1918, à l'ingénieur de Pic-Pic Léon Dufour qui, en y procédant à d'importantes réparations, l'a sauvé de la destruction. Mais suite à de mauvaises affaires, Bellerive fut saisi, mis aux enchères en 1922 - Madame Dufour s'y est rendue pour sauver les meubles de famille - et adjugé à une société immobilière.

Celle-ci l'a revendu en 1923 au baron Emmerich von Pflügl, délégué permanent de l'Autriche à la Société des Nations - démissionnaire au moment de l'Anschluß - qui y demeura jusqu'à sa mort en 1956.
Son dernier acquéreur fut le prince Sadruddin Aga Khan (1933-2003), haut-commissaire des Nations-Unies pour les Réfugiés de 1965 à 1977. Il y a créé en 1977 la Fondation Bellerive pour l'environnement.

Le château de Bellerive appartient aujourd'hui à ses trois beaux-fils Alexandre, Marc et Nicola Sursock.

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